Selon une étude britannique, la consommation d’alcool serait inversement corrélée au risque de développer une polyarthrite rhumatoïde et à la sévérité des symptômes de la maladie. ACS va se renseigner pour savoir si cette nouvelle, relevée sur Quotimed d’aujourd’hui, pourrait s’appliquer à la spondylarthrite ankylosante, maladie cousine de la polyarthrite rhumatoïde.
LES RHUMATOLOGUES de Sheffield ne recommandent pas encore à leurs patients la prescription d’un petit verre de sherry quotidien… mais presque ! Selon l’équipe du Dr James Maxwell, une consommation modérée d’alcool diminuerait non seulement le risque de polyarthrite rhumatoïde (PR) mais également, et surtout, la sévérité de la maladie.
Quelques études scandinaves avaient déjà suggéré un effet dose-dépendant de l’alcool sur le risque d’avoir une PR, mais c’est bien la première fois qu’une équipe démontre les bienfaits d’une prise modérée sur l’évolutivité des lésions. Les non-buveurs seraient ainsi quatre fois plus à risque d’être atteints que ceux ayant une consommation plus de 10 jours par mois. C’est à la fois sur des critères cliniques (handicap fonctionnel, douleur), biologiques (CRP) et radiologiques que la gravité de la maladie était inversement corrélée à la consommation d’alcool. Celle-ci était quantifiée sur le mois précédent dans l’une des quatre catégories suivantes : pas d’alcool, de 1 à 5 jours, de 6 à 10 jours et › 10 jours.
Fréquence plutôt que quantité
Un total de 873 sujets caucasiens ayant une PR ont été inclus dans l’étude, ainsi que 1 004 sujets sains. Tous les patients ont été recrutés dans le service du Royal Hallamshire Hospital de Sheffield entre 1999 et 2006 et présentaient les critères ACR pour la PR depuis au moins 3 ans. Pour chacun, une érosion des mains ou des pieds avait été mise en évidence à la radiographie lors de l’inclusion. Les cas étaient en moyenne plus âgés que le groupe contrôle (61 ans versus 48 ans), fumaient plus volontiers et étaient plus souvent de sexe féminin (75,2 % versus 65,2 %). Les sujets ayant une PR avaient tendance à moins boire que les témoins : plus forte proportion de non-buveurs et moins de buveurs › 10 jours par mois.
Il existe néanmoins quelques biais ayant pu modifier l’étude : biais de rappel, différences marquées d’âge et de sexe avec le groupe témoin, absence d’évaluation au long cours. De plus, comme la fréquence, et non la quantité, de la consommation d’alcool était enregistrée, il est impossible de tirer quelque conclusion que ce soit sur la dose ayant un effet sur la sévérité de la PR. Selon les auteurs, l’effet protecteur de l’alcool pourrait s’expliquer par une modulation de l’activité du système immunitaire et, une fois la maladie installée, par une action anti-inflammatoire et analgésique sur la sévérité des symptômes.
› Dr IRÈNE DROGOU