Le 28 Mars 2008, le Laboratoire NOVARTIS PHARMA avisait l’AFSSAPS qu’il cessait la commercialisation de la BUTAZOLIDINE, sans concertation préalable des médecins rhumatologues. Dépourvue d’arguments majeurs pour s’opposer à cette décision, l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité SAnitaire des Produits de Santé) a entériné administrativement cette décision. Le 29 Avril 2008, ce même Laboratoire adressait une lettre d’information aux professionnels de santé (généralistes, rhumatologues, grossistes répartiteurs, pharmaciens) pour officialiser l’arrêt de production de cet anti-inflammatoire, évoquant « ses indications thérapeutiques limitées, (…) l’existence de nombreuses autres alternatives thérapeutiques disponibles, et l’existence d’effet indésirables et plus graves (…)». Immédiatement un certain nombre de médecins prescripteurs se sont trouvés en difficulté et les patients, pour lesquels la Butazolidine constituait le plus souvent LE seul traitement efficace nous alertaient. Le 10 Juin 2008, le quotidien « Le Monde » titrait en page Environnement et Sciences : « Médecine, NOVARTIS renonce à vendre un anti-inflammatoire important ». Les Associations de malades atteints de spondylarthrite ne peuvent rester sans réaction et ACS FRANCE a ouvert un dossier : Nous savons que cet arrêt de commercialisation concerne plus de 6000 malades en France, le plus souvent traités très efficacement par butazolidine depuis de nombreuses années, alors que l’emploi d’autres anti-inflammatoires non stéroïdiens s’était révélé peu efficace, voire inefficace. Certains d’entre eux, pour qui ce médicament était le seul efficace nous font déjà part de leur désarroi. Le 18 janvier 2006 la Commission de transparence de la HAS (Haute Autorité de Santé) avait pourtant réexaminé le dossier de la butazolidine et conclu : « Le service médical rendu par cette spécialité (butazolidine 100 en comprimés) est important dans le traitement symptomatique au long cours de certains rhumatismes inflammatoires chroniques, notamment de la spondylarthrite ankylosante ou de syndromes apparentés tel que le syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter, le rhumatisme psoriasique ». La butazolidine est le plus ancien et le moins cher de tous les anti-inflammatoires : 1,13 € la boîte de 20 comprimés. A dose maximale, le coût du traitement s’élève à 124,30 euros par malade et par an, alors que le coût du traitement par anti-TNF se situe entre 12.000 et 15.000 euros par malade et par an. Dans le contexte actuel, nous pouvons logiquement penser qu’un certain nombre de malades ne pouvant plus disposer de la butazolidine vont basculer vers les anti-TNF. Si ce sinistre calcul d’apothicaire ne concerne ni le médecin prescripteur, dont l’unique objectif est de prendre en charge au mieux son patient, ni le malade qui n’a pas choisi d’avoir une spondylarthrite et qui souhaite pouvoir vivre le mieux possible, il concerne directement le Laboratoire NOVARTIS PHARMA : Pourquoi condamne-t-il aujourd’hui une molécule qu’il commercialise lui-même, sur laquelle il existe un recul de plusieurs dizaines d’années, et qui a prouvé et prouve toujours son efficacité, si ce n’est pour des raisons de rentabilité ? Où est dans ce cas la prise en compte de l’intérêt des malades ? Cette décision concerne également nos Autorités de Santé qui semblent sous-évaluer les conséquences d’une telle stratégie d’abord pour les malades concernés, mais aussi pour la Caisse Nationale d’Assurance maladie dont le déficit continue de se creuser. Nous sommes en train de constituer un dossier et d’entreprendre des démarches auprès du Laboratoire et des Autorités de santé pour faire valoir l’aberration de la situation et les conséquences pour les malades concernés. Si vous êtes concernés, et acceptez de nous communiquer vos témoignages, ils seront les bienvenus pour étayer notre dossier. C’est notre rôle d’Association de malades de représenter les malades et souhaitons que tous ensemble nous puissions trouver une solution. Nous n’oublions pas non plus dans notre démarche les malades d’autres pays qui n’ont pas la chance de pouvoir bénéficier de tout l’arsenal thérapeutique dont nous disposons et pour lesquels la butazolidine est un médicament indispensable pour traiter les formes sévères de spondylarthrite, les anti-TNF n’étant pas commercialisés pour des raisons de coût et/ou de conditions sanitaires. Martine ROCH
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