Articlle relevé sur "Currentcongress", le 15 juin 2013, en direct du Congrès de l’ EULAR à Madrid.
Cohorte Desir et évaluation de la fatigue des patients atteints de Spondyloarthrites débutantes
Cette étude observationnelle menée par le Dr Laure Gossec (que vous avez vu à la JNS-13 d’ACS-France, cliquez) et ses collaborateurs a permis de mesurer l’ampleur de la fatigue pendant la SpA (phase débutante et différents sous-types), et d’évaluer si une corrélation pouvait être établie avec les caractéristiques des patients ou de la maladie.
La cohorte observationnelle nationale Desir regroupe des patients présentant des douleurs inflammatoires dorsales depuis moins de 3 ans et suggérant fortement une SpA. Tous les patients recrutés dans cette présente étude sont issus de cette cohorte.
L’importance de la fatigue a été évaluée par une échelle visuelle analogique de 0 à 10 sur deux périodes : à l’inclusion et à 12 mois. Cette mesure a été effectuée dans l’ensemble de la population en fonction des critères de classification ASAS, et par sous-type de la maladie (spondylarthrite axiale, périphérique et indifférenciée). A 12 mois, et uniquement chez les patients répondant aux critères ASAS, les facteurs associés à une fatigue importante (> 5/10) ont été analysés par régression logistique multivariée.
Les facteurs testés pour l’association ont regroupé des caractéristiques liées aux patients, comme des variables démographiques (âge, sexe) ou le statut socio-économique, et des caractéristiques liées à la maladie, tels que l’activité (ASDAS, BASFI, BAS-G, HAQ-AS), le sous-type HLA B27 et les atteintes extra-articulaires.
Principaux résultats
Parmi les 708 patients de la cohorte Desir (moyenne d’âge : 33,7 ans ± 8,6 avec 46,2% d’hommes), seuls 486 répondaient aux critères ASAS axial pour la Spa. Au sein de cette sous-population, la moyenne d’âge était de 33 ans ± 8,6 avec 50,2% d’hommes (Figure 1).
Figure 1 – Caractéristuques à l’inclusion
A l’inclusion, l’importance de la fatigue était élevée (5,67 ± 2,3), et elle était similaire chez les patients répondant ou non aux critères ASAS (respectivement, 5,51 ± 2,4 et 5,99 ± 2,2).
Les niveaux de fatigue selon les sous-types de la maladie étaient également similaires. Son niveau a néanmoins diminué au cours de la première année de suivi, en atteignant à 12 mois une valeur de 4,91 ± 2,6 (Figure 2).
En analyse univariée, l’importance de la fatigue à 12 mois a été fortement corrélée tant aux éléments liés au patient (sexe féminin, durée de scolarisation), qu’à la maladie (ASDAS-CRP, BASFI, BAS-G et HAQ-AS).
En revanche, comme représenté ci-dessous (Figure 3), l’analyse multivariée indiquait que l’importance de la fatigue à 12 mois était mieux expliquée par l’activité de la maladie seule : ASDAS-CRP (OR=3,12 [2,31 – 4,20]), BAS-G (OR=2,42 [1,53 – 3,84]) et HAQ-AS (OR=1,15 [1,03 – 1,30]).
En conclusion
Les niveaux de fatigue étaient élevés chez les patients présentant des symptômes compatibles avec une SpA débutante, mais la présence d’une fatigue significative ne permettait pas de faire de discrimination entre les patients répondant ou non aux critères ASAS.
Les niveaux de fatigue ont diminué au cours de la première année de suivi dans la cohorte Desir, probablement en raison des traitements administrés.
La fatigue intense à 12 mois a été étroitement liée à l’activité de la maladie plutôt qu’à des variables liées au patient, ce qui laisse penser que la fatigue semble plus fortement liée à l’évolution de la maladie dans la SpA que dans la polyarthrite rhumatoïde.
Dr E. Gross