Demain soir sur France 2, Adriana Karambeu et Michel Cimes nous montrent leur arrivée au sommet du Mont-Blanc, la photo sur le site d’Huffington post est magnifique et glamour, mais ce n’est pas la réalité du Mont-Blanc.
L’émission sera certainement très intéressante, Michel Cimes nous a habitué à la qualité de ses émissions, nous sommes fans, ce qui nous permet de lancer un petit pic … à glace.
Le Mont-Blanc se trouve sur la commune de Saint Gervais (74), ville qui gère la pollution générée par les grimpeurs irrespectueux.
Une équipe d’ACS-France & RHUMASPORT, l’organisateur, est allée tenter l’ascension du Mont-Blanc en juin 2012, nous avions 7 guides de la Compagnie des guides de Saint Gervais, des professionnels de la montagne dont le maire Jean-Marc Peillex est un ardent défenseur.
La veille de notre ascension, monsieur Jean-Marc Peillex est venu nous rendre visite à notre hôtel (
le Val joli) où il nous a souhaité la bienvenue, nous a parlé écologie et nous a mis en garde contre les dangers de la montagne, multipliés sur le Mont-Blanc avec l’altitude, la fatigue, le froid, le manque d’oxygène,
Notre équipe est partie, sacs à dos chargés sur nos épaules, depuis la ville de Saint Gervais (800m), petit train à crémaillière jusqu’au mont Lachat (2.000), puis à pied vers le refuge de Tête rouse (3.200). La partie la plus difficile et technique de l’ascension du Mont-Blanc se trouve entre le refuge de Tête rousse et le refuge du Goutêt à 3.800 mètres.
De là il reste encore 1.600 mètres à grimper, les 3 dômes, marche épuisante dans la neige glacée.
Nous ne comprenons pas l’attitude de la Mairie de Chamonix qui favorise des pseudos ascensions qui souvent ont des visées promotionnelles, montrant des personnalités médiatiques arrivant au sommet du Mont-Blanc avec un petit sac à dos, de simples lunettes de soleil, sans gant ni cagoule. Hors nos guides nous avaient bien briefé : "là haut il peut faire moins 20, moins 30 degrès, avec un peu de vent le ressenti peut être de moins 35, il faut emporter des masques de ski sinon vos yeux peuvent geler !".
Et d’ajouter : "Qand nous partons nous ne savons pas ce qui nous attend là-haut, la montagne est imprévisible".
Cela parait idiot, mais il faut tout emmener car à 500 mètres du sommet il n’y a pas de boutique (encore moins de mode), tout pèse, tout devient lourd avec le manque d’oxygène, surtout lorsque l’on arrive à pied depuis l’altitude 2.000.
Alors lorsque nous voyons des personalités arriver au sommet avec un orchestre comme la chanteuse Zaz avec ses musiciens, leurs guitares et même une contre-basse alors que nous nous hésitons sur la taille du tube de dentifrice, que ces personnes jouent mains nues de leurs instruments à cordes et chantent au sommet du Mont-Blanc, que l’on apprend que des manequins, des vedettes de la télé, du sport ou du cinéma arrivent au sommet sans trace de fatigue, en tenue légère de ski, qu’il y fait toujours beau temps pour les caméras, nous sommes dubitatifs et surtout indignés lorsque l’on apprend que ces personnes arrivent au mieux au refuge du Goutêt (3.800m) en hélicoptère ou parfois au col de la Brenva (4.300m).
Evidemment lorsqu’il ne reste que les 3 dômes à grimper, voir que 500 mètres de dénivelé à monter, que le plus dur a été fait en hélicoptère ça enlève le côté chevaleresque de la véritable ascension.
Les plus grosses difficultés sont en dessous !
Cela laisse penser que l’ascension du Mont-Blanc est facile, accessible à tous, bientôt avec des palmes aux pieds, et l’été prochain nousapprendrons que des touristes ont été retrouvés morts, sous équipés, sous entrainés, sans guide. Est-ce raisonnable ?
Quel contraste avec une émission récente sur la même chaîne dont le sujet était "Le sauvetage sur le Mont-Blanc où l’on voyait des images crues de personnes retrouvées congelées.
L’ascension par la seule voie classique à fait plus de 180 morts en moins de 15 ans, la veille de notre ascension un mort dans le goulet du Goutêt, un légionaire, deux autres le lendemain, cette année le Mont-Blanc a été particulièrement meurtrié.
Monsieur
Jean-Marc Peillex s’insurge, il y a une différence de regard sur le Mont-Blanc entre les mairies de Chamonix et de Saint Gervais, chacun jugera.
En juin 2012 notre équipe a été stoppée dans son ascension par la météo, nous y retournons fin juin 2013 pour passer par le même chemin, depuis "en bas", l’ascension sportive avec nuit au refuge et après avoir fait des entrainements physiques poussés, plusieurs jours d’entrainements en montagne et 2 jours de stage de "cramponnage", apprendre à marcher avec des crampons qui viennent se fixer sous nos chaussures de "haute montagne".
Merci à monsieur le maire Jean-Marc Peillex, à la ville de Saint Gervais et à la Compagnie des guides de défendre et d’entretenir le Mont-Blanc.
Franck GERALD, l’un des membres de l’EXPE RIC:Objectif 4807*
* RIC = Rhumatismes Inflammatoires Chroniques